La mesure

« Rien ne devrait être aussi stable que ce qui sert de mesure à tout le monde. »(Montesquieu)

 

La mesure est une notion qui  été bien dévoyée. Rien n’est aussi relatif dans notre temps que la mesure … Jadis, on a inventé le temps et on a trouvé le sablier, l’horloge… On a aussi mesuré la distance, le volume, le débit selon des conventions  tout aussi relatives. Cela relève d’un accord contractuel ou d’une norme régalienne. Dans ce cas, c’est une «mesure imposée». Si l’on veut faire exprimer la valeur au sein d’un ensemble autonome, la mesure devient alors un concept relatif qui doit recueillir l’adhésion des intervenants pour générer une dynamique fondée sur l’équité. Tout dysfonctionnement individuel doit être rétabli, la cohérence étant assurée par un système d’alerte automatique sur l’ensemble.

 

Il y a, dans notre logique, deux catégories de mesure à gérer différemment : les «données» et les «informations».

Les données seront validées dans un ensemble déterminé par imposition ou adhésion contractuelle des intervenants : la norme. Elles relèvent de la comptabilité générale qui restera la base de notre future analyse.

 

Le domaine de la comptabilité analytique les utilisent pour les transformer. Il génère ainsi en dynamique des informations caractéristiques de la santé interne de «l’ensemble autonome», de sa cohésion et de son aptitude à accroître sa potentialité au dépens des autres.

 

Les techniques comptables sont actuellement irremplaçables. Elles sont au cœur de nos mesures et de nos actions. Elles déterminent les grandes et petites évolutions de notre monde. Sans remettre en cause la comptabilité générale qui est une norme acceptée et avérée de mesure des patrimoines, il semble cependant aberrant de vouloir confiner les pulsions internes des entreprises dans un cadre général normé. Actuellement, la comptabilité analytique n’est qu’une décalcomanie de la comptabilité générale à des nivaux élémentaires de pouvoir. Elle doit devenir le reflet de la vie intime de l’ensemble qu’elle est censée représenter : la comptabilité des flux, en intégrant la dynamique et l’équité entre tous ses éléments. C’est donc à une nouvelle manière de concevoir la vie dans l’entreprise qu’il convient de s’attacher pour mettre à jour toutes les potentialités de développement des valeurs.

Un grand chantier,  à inaugurer pour le siècle qui commence, consiste à mettre en perspective tous les éléments, matériels et immatériels. 

Il faut les intégrer dans une analyse globale qui doit tendre à l’harmonie dans tout secteur homogène, « l’ensemble autonome », ce qui est le seul avenir pour les forces en présence.  

Il est impératif d’introduire dans la comptabilité analytique ces éléments hors coût qui sont désormais incontournables car décisifs.

La comptabilité des flux

En utilisant les outils comptables existants (comptabilité analytique), il est possible de créer un logiciel de système de mesure en phase avec les principes exposés dans ce site.

 

Lorsque l’on achète ou que l’on vend, on sort de cet ensemble par des comptes de liaison avec la comptabilité générale. La présentation  comptable crédit – débit ne prend en compte que des valeurs absolues. La comptabilité des flux introduit la pratique des nombres relatifs : ainsi, on peut intégrer une perte de valeur ou un accroissement de coûts sur les rubriques concernées.

 

En logique des flux, un flux entrée a toujours un flux sortie, positif ou négatif. Au sein d’un ensemble harmonieux (ensemble autonome), il n’y a que des échanges internes qu’il convient d’optimiser pour une meilleure efficacité.

Avant d’entrer dans la description détaillée du module «comptabilité des flux», il semble utile de pointer certaines aberrations relevées dans le fonctionnement de la comptabilité analytique actuelle, et qui ont des conséquences tragiques : déperdition des forces vives de l’entreprise, délocalisations et re-localisations désordonnées…

La main-d’œuvre, à travers les salaires et les charges, ne figure qu’au débit des comptes analytiques. Les dépenses de formation également. De ce fait, la tendance naturelle est en période délicate de jouer sur cet axe de coût en faisant des économies de personnel. Il faut au contraire considérer la main-d’œuvre comme un investissement immatériel  essentiel. Créé dans un compte d’investissement, on place le budget prévu au crédit, dans le cadre du projet.. De même pour les actions de formation qui sont des axes de valorisation du personnel. Au débit figurera comme actuellement le coût du salarié et les coûts afférents (charges sociales, frais d’installation spécifiques,…). Ce qui est nouveau, un compte de résultat rend compte de la responsabilité des services de personnel dans le recrutement et la gestion humaine des collaborateurs.

Tout au long de cette page, il sera fait référence au schéma ci-contre : Les stocks sont placés traditionnellement au crédit des comptes, comme si c’était une valeur. Or c’est une non-valeur, tant qu’ils ne sont pas vendus. Pis, c’est un coût si l’on fait entrer les frais de stockage (personnel, chauffage et électricité, manutention..) et les dégradations. Là aussi un compte de résultat sera créé qui en fera le bilan et transféré en comptabilité générale via les comptes de liaison dès la vente ou la mise au rebut.  Il s’agit ici de raisonner la comptabilité analytique en phase avec la qualité totale qui considère que seul un produit commandé et vendu conforme est une valeur. Sinon, à commencer par les stocks intermédiaires, il est à valeur nulle.

Tous ces exemples font l’objet de déclinaisons détaillées dans mes ouvrages mais on peut dès à présent trouver ci-après des schémas explicatifs de la démarche.

Grâce à l’utilisation du calcul matriciel, cette comptabilité des flux enregistre les mouvements en quantités et ne les valorise qu’à la fin, à la demande. L’avantage de cette organisation est de rendre enfin compatibles, et transposables en temps réel, les différentes comptabilités analytiques actuelles : à coût complet, direct costing, à taux d’ordre…

 

Comme démontré dans mes ouvrages, le passage de la dépense d’un atelier (coût d’activité) à la valorisation d’un produit (coût de production) peut être réglé sans biais en décomposant le coût complet en frais fixes d’atelier, frais variables de structure et frais fixes.

Ces planches ont pour vocation d’illustrer le processus comptable de distribution des flux de valeurs et de coûts. 

Le Moniteur est au centre de la comptabilité analytique où chaque acteur agit de manière autonome en fonction des règles du jeu qui lui sont imposées. 

Chaque non-qualité est répercutée dans les comptes (ex. frais de stockage FS, intérêts de retard IR…) et le Juste-à-temps (JAT) est récompensé. Les décideurs politiques (DC, DT) influent sur le long terme par des promotions sur des produits, établissements, marchés…)

La transparence des initiatives humaines est totale grâce au Moniteur.

Pour plus de précisions, merci de se reporter aux ouvrages déjà cités.

 

Ce modèle et les schémas présentés ici sont transposables avec ajustements selon le type d’entreprise. Ne pas perdre aussi de vue que cette démarche et ce système sont généralisables dans tout rapport entre individus et collectivités.

La qualité totale

La démarche de Qualité totale pourrait se définir comme suit : dans tout processus d’élaboration de produit ou de service, il convient d‘éliminer tous les dysfonctionnements ou à défaut de les répertorier comme « des poches de non-qualité », en attente de résorption éventuelle. Il faut toujours avoir comme objectif de réduire ses derniers. Rappelons-le, outre le fait qu’ils engendrent des coûts inutiles, ils paralysent la dynamique de l’ensemble. En cas de problème conjoncturel, il faut en tenir compte, et sans complexe revenir temporairement en arrière.

La parade aux dysfonctionnements peut se décliner suivant six axes pour certains déjà analysés.

Éliminer les sources de coûts inutiles

Favoriser les points d’augmentation de la valeur

Instaurer un langage commun dans l’entreprise

N’avoir qu’un seul système de mesures

Assurer un suivi et des procédures d’alerte automatiques et en temps réel

Ceci intéresse bien évidemment la fabrication mais le secteur commercial est également partie prenante dans l’organisation interne de ses services, même si la logique de vente l’écarte de celle du partenariat.

 

TRAQUER TOUTES LES SOURCES DE COÛT INUTILES

Dans le domaine industriel, un produit fabriqué doit être conforme et livré à l’heure désirée par le client. Son cycle d’élaboration doit être le plus court possible, le plus fluide possible, le moins compliqué possible, tout en assurant la sécurité des circuits et des personnes.

 

Il n’est pas inutile de citer les cinq exigences, « les « cinq zéros », qui devaient recouvrir dans les années 90 les efforts concertés dans le secteur économique et ont connu une vogue, à l’époque spectaculaire.

Zéro stock : les produits finis ne doivent pas attendre les clients sur les étagères (cela coûte cher à l’entreprise : il faut de la place pour les stocks et de la surveillance), les matières premières ou les pièces détachées ne doivent pas être stockées en attendant leur utilisation (même problème de place, et il faut payer les pièces longtemps avant de les utiliser). Résultat : on produit quand on a un certain nombre de commandes, on fait venir les pièces exactement au moment où on en a besoin.

Zéro délai : il faut réduire au minimum le temps nécessaire dans l’entreprise pour changer le produit en cours de fabrication, c’est-à-dire qu’il faut que les hommes et les machines soient flexibles. De même, il faut réduire au minimum le délai entre la prise d’une commande et sa satisfaction.

Zéro défaut : l’entreprise par les services offerts et les produits fabriqués doit être irréprochable vis-à-vis de ses clients. La qualité doit donc être une obsession. Même si la recherche de la qualité peut être coûteuse, on sait qu’elle permet aussi la réalisation d’économies : les malfaçons coûtent très cher, le mécontentement des clients aussi, surtout quand la concurrence est forte.

Zéro panne : l’entretien et la fiabilité des machines sont essentiels.

Zéro papier : les économies doivent aussi toucher les bureaux, il faut limiter les opérations débouchant sur un développement de la paperasserie.

 

(source : BRISES  Banque de Ressources Interactives en Sciences Economiques et Sociales, Lyon)

La démarche de Qualité Totale traque tous les dysfonctionnements, le gâchis, les retards et la non-conformité. Elle a à cœur de faire régner l’harmonie au sein de l’ensemble autonome, à défaut de le faire entre partenaires ou pire envers les tiers.

À partir d’un schéma idéal élaboré (plan Qualité totale à saturation), on met en regard les réalités en dégageant des «poches de non-qualité» qu’il conviendra de résorber au maximum lorsque l’opportunité sera au rendez-vous.

L’approche est transversale et fait appel à toutes les avancées scientifiques et techniques élaborées mises à disposition. L’analogie avec le corps humain, figurant ci-après en est un exemple.

L’approche est souple dans la mesure où, pour des raisons conjoncturelles ou autres objectives, on peut revenir en arrière afin de «de-stresser» la mécanique. La pratique actuelle n’a pas cette philosophie, d’où les tensions pénalisantes constatées.

 

En effet, les dérives observées quant à l’utilisation non réfléchie du « Juste-à-Temps », faussement assimilé à la Qualité Totale ont conduit à des dérèglements dommageables :

La réduction des stocks intermédiaires vue comme une course effrénée aux résultats d’exploitation à très court terme. Or c’est sur la vie de l’entreprise que se mesure sa véritable valeur ajoutée.

Les délocalisations avec tous leurs effets pervers sur les économies des régions abandonnées et les problèmes humains. Les re-localisations ne sont que la manifestation d’un gâchis inconsidéré.

La désorganisation des PME (contrairement aux multinationales) qui se nourrissent du terrain et le font vivre.

Le stress qui s’est emparé des entreprises et des individus

Un vrai gâchis, tout le contraire de la Qualité Totale !

L’entreprise est un corps vivant, ne l’oublions pas.

Le pôle d’alerte et de cohérence

Des événements récents qui ont lancé les nations dans une crise boursière, économique et sociale de grande ampleur ont mis à jour une déficience structurelle dans les systèmes de surveillance et de sanction. Il ne fallait pas attendre de la part des responsables de telles institutions un sentiment de moralité : leur monde est ailleurs. Mais mettre en cause entièrement un système qui a quand même fait ses preuves depuis des siècles et qui a survécu à des scandales et des crises économiques est une erreur. En réalité, il s’agit de dysfonctionnements de systèmes d’information, une pure dérive technologique qu’il est possible de réajuster sans grosses secousses.

Les systèmes actuels d’audits internes et externes ont montré leurs limites car ils sont toujours à la remorque d’éléments anticipateurs. Dans un monde ouvert et insaisissable où chacun va à son rythme, il est impossible d’éviter à 100% les dérives, voire des scandales dont l’importance rejaillit sur tous. À côté des outils de gestion courante que toute entreprise se doit de mettre en place pour vivre, il est désormais impératif de lui adjoindre un « pôle d’alerte et de surveillance », institutionnalisé de façon permanente en interne et fonctionnant en temps réel. Pour éviter les désastres, il ne faut pas compter sur l’anticipation mais sur une alerte en temps réel, mesurée et responsabilisée. il importe de  réagir immédiatement sur le conjoncturel, après réflexion sur les points structurels.

 

Le modèle évoqué au chapitre Structure comptable de l’ensemble autonome utilise les concepts de la théorie du chaos. Ceci est particulièrement développé dans mon ouvrage «Manager le système d’information de votre entreprise».

 

Il est possible en effet d’introduire en temps réel dans la comptabilité des flux des mécanismes automatiques de surveillance et de localisation des dysfonctionnements au sein d’un ensemble autonome. C’est une erreur d’avoir recours à des outils, organismes et systèmes onéreux extérieurs au processus. Il s’agirait alors d’un entassement de procédures qui induisent la complication et le gâchis. Rappelons que le fonctionnement d’un ensemble autonome repose sur l’harmonie et que seule l’apparition d’un dérèglement déclenche une intervention. En usine, un tel système permet d’éliminer bascules et structures de contrôles au coup par coup avec tous leurs risques d’incohérence. Par contre, une unité centrale de surveillance des indices et d’alerte est à même de contrôler en temps réel la cohérence interne de l’ensemble autonome. Ceci a fait l’objet d’applications remarquables en usine.

 

Dans le cadre d’un système d’information, il convient d’isoler structurellement la détection d’un dysfonctionnement et sa localisation, de l’analyse de son origine et de la décision d’intervention. S’il s’agit d’un événement accidentel, humain ou autre, on se limite à rectifier localement. Si par contre, la cause est structurelle, une analyse minutieuse doit être entreprise par des spécialistes (solution adaptée) et des experts (étude globale d’impact). Le manager prend alors, en responsabilité, la décision d’entreprendre la remise en ordre.

Par contre le diagnostic relève exclusivement de l’analyse humaine. Les systèmes experts sont utiles pour en faciliter l’appréhension mais sont dangereux et pervers dès qu’ils tendent à orienter la décision.

 

L‘audit externe quant à lui ne consiste plus à surveiller au coup par coup la cohérence d’action de l’acteur car il n’en a pas le pouvoir. Ce que peut et sait faire le système d‘information à l’intérieur de l’ensemble autonome n’est pas possible dans ce cas qui implique des ensembles indépendants et divers. Une instance indépendante, régalienne, est donc chargée de la tranquilliser sur ce bon déroulement en vérifiant régulièrement la régularité des procédures. C’est ce qui a manqué dans cette crise mondiale mais est parfaitement envisageable dans des ensembles tels que l’entreprise qui a une unité de commandement. Des outils adéquats conçus dans le même esprit peuvent être d’une aide efficace.

L’entreprise vivante

Il est possible de tenter un parallèle entre le fonctionnement du corps humain et celui de l’entreprise. Tous deux sont des corps vivants et complexes. Synergie de réseaux et réaction aux agressions sont analogues. Certains spécialistes pourront trouver osée cette initiative mais, si elle n’a que valeur d’image parfois approximative, elle enclenche une réflexion et des initiatives dans ce sens.

 

La comptabilité générale : les capteurs et les organes des sens.

 

Le système d’information est alimenté par des données venues de l’extérieur et enregistrées au sein de l’entreprise pour irriguer tous les canaux. A ce poste vital, tout à fait en amont, chacune doit donc être validée et reconnue fiable car sinon, c’est la porte ouverte à toute malversation et manipulation. Il ne peut donc être question, comme cela se passe souvent, de laisser cette responsabilité là où elle arrive sans authentification : c’est le rôle des « capteurs » qui seront rattachés exclusivement et directement au Système d’Information, en prise directe avec le haut management censé être le seul garant de l’intérêt général. Ils sont les seuls éléments qui alimenteront le système interne et sont validés par la comptabilité générale : en tant que tels, ils sont incontestables. La comptabilité générale est donc à l’origine des données analytiques « matérielles », à partir desquelles vivra l’entreprise. Elle  doit donc dépendre directement de la direction générale.

 

De la même manière en sortie, la comptabilité analytique va produire des informations qui seront redirigées vers les capteurs lesquels en vérifieront la cohérence avec les transactions vers l’extérieur via des comptes de résultat et les comptes réfléchis.

 

Cette fonction de protection interne qu’assument les capteurs est primordiale pour la dynamique future de l’entreprise. De même, les organes des sens sont le lien fondamental avec l’extérieur. En particulier, la peau est un rempart contre les agressions extérieures : protection, elle fait également office de détection. C’est pourquoi ce concept de capteur est si fondamental pour l’intégrité de l’ensemble autonome qui se développera en comptabilité analytique.

La comptabilité analytique classique : le traitement interne des capteurs

 

Dans ce schéma, pour reprendre d’autres images, la comptabilité générale est à la photo ce que la comptabilité analytique sera au cinéma et l’analyse personnelle d’un responsable à la vidéo. Cette dernière a en effet toutes les qualités qui siéent à notre époque de réactivité.

 

Les organes et les muscles, opérationnels dans la vie courante, correspondent aux diverses fonctions opérationnelles de l’entreprise, unités de production, agences commerciales, services de recherche et développement, d’assurance qualité, de ressources humaines… Ces structures humaines, domaine du management courant, ont leur propre existence, autant de petits territoires dont il est néanmoins nécessaire d’assurer la surveillance en ce qui concerne leur propre bon fonctionnement et qu’il importe de coordonner au plan global.

 

L’enregistrement des données et les systèmes nerveux périphériques

 

C’est le rôle de la comptabilité analytique. Dense, ce réseau d’information est présent jusqu’au plus petit niveau qui doit être garant de la cohérence de son activité avec l’ensemble. Ce sont les organes de fabrication qui élaboreront les valeurs, en sortie vers la comptabilités générale. Il importe qu’il y ait la même norme de transmission car il est nécessaire d’assurer l’enregistrement du passage d’une activité à une autre. Tout dysfonctionnement fat l’objet d’une alerte en temps réel.

La prise en compte des flux : les systèmes sympathiques et parasympathiques.

 

Mélanger les coûts et les valeurs est très dangereux. Il faut faire un inventaire rigoureux de chaque donnée et la positionner correctement pour en faire un usage adéquat.

 

La séparation de ces flux permet de faire la part entre le besoin d’augmenter les valeurs tout en ayant le souci constant de diminuer les coûts qui se révèlent inutiles. Ici, mis en perspective, il s’agit plus d’une résorption des gâchis que d’une volonté systématique de réduction. En jouant sur les valeurs algébriques, on peut ainsi facilement observer en temps réel une augmentation ou une diminution des coûts, de même pour les valeurs comme on peut l’observer dans ces systèmes biologiques qui gèrent entre autres le stress. En ayant une vue plus précise du fonctionnement de l’ensemble et de chaque partie, on peut ainsi contrôler les évolutions et agir. Ce suivi étant intégralement automatique, la neutralité du système est garantie.

 

Par ailleurs, on enregistre directement sur les comptes tous les dysfonctionnements qui se produisent çà et là. La lecture de la responsabilité de chaque décideur est clairement indiquée par une sanction immédiate en cas de transgression des règles édictées par le responsable : par exemple, pénalités de retard de livraison avec prise en charge des frais de stockage et des frais financiers afférents au profit du service lésé, tout ceci étant consigné dans le moniteur.

 

L’objet de ce dispositif est de garantir l’harmonie.

À l’instar de l’apport des médicaments spécifiques qui modifie l’état général de tonus, la recherche de la dynamique est ici primordiale.

Le moniteur : la dynamique des flux et les systèmes endocriniens.

 

Dynamique des incitations, c’est l’objet du moniteur que d’introduire la transparence et la responsabilité individuelle dans les comptes officiels, en toute équité. L’incitation et le respect des accords contractuels, les messages chimiques, sont désormais les seuls moteurs humains à prendre en compte. Intégrés en comptabilité analytique, ses « médicaments » officialisent le lien entre le salarié et son entreprise et favorise leur attachement réciproque et la fidélisation.

 

Pour ce faire, les « Moniteurs » sont des comptes analytiques des différents ensembles autonomes. Ils relèvent automatiquement les dysfonctionnements qui apparaissent : ils en imputent comptablement la responsabilité à la cause. De plus, ils enregistrent les décisions des managers soucieux de rétablir l’équité entre domaines de sa responsabilité.

 

Poursuivant le parallèle, il est donc possible d’introduire au sein du Système d’Information un dispositif d’incitations spécifiques qui agiraient par introduction dans la comptabilité analytique de subventions ou de pénalisations à la discrétion du dirigeant, ce qui met ainsi en lumière les interventions qu’il exerce d’habitude en dehors de toute transparence. Par exemple, il peut vouloir maintenir une unité momentanément en difficulté en position de concurrence équitable avec les autres secteurs.  On sait par exemple que des unités industrielles en instance de fermeture ont un prix de revient plus faible parce que l’entretien est à juste titre déficient. Ainsi placée en vraie concurrence, cette unité pourra se redresser et ses salariés sauvés.

Les scénarios : la responsabilité de gestion et l’autonomie des organes.

 

Le système d’information permet également d’extraire certaines informations officielles et de les transférer dans un territoire de responsabilité strictement personnelle. Les dialogues ultérieurs entre services sont de ce fait assurés d’une cohérence au départ car les éléments de base sont les mêmes. Des analyses partielles, dans le domaine de compétence d’un responsable, permettent de faire un certain nombre d’hypothèses propres à asseoir son argumentation auprès de supérieurs ou lors de réunions.

 

Cet outil s’est révélé très utile, en particulier lors de réunions de brainstorming car il permet à chacun de réfléchir personnellement sur le même sujet et sur les mêmes données organisées de la même façon. Le temps gaspillé lors des réunions souvent stériles qui s’éternisent toujours tient au fait que l’on parle rarement de la même chose, chacun ayant en tête son schéma et ses priorités, différentes de celles du groupe et de ses membres.

 

Chaque collaborateur a donc accès en temps réel à une base personnelle de données, directement issue du système d’information. Il travaille donc sur des données cohérentes. Il peut être amené, à l’aide de logiciels mis à sa disposition, à faire toutes recherches, analyses et propositions qui l’intéressent à titre individuel. La transparence n’est donc pas totale mais limitée aux informations utiles à sa fonction. cela ne peut que favoriser son adhésion au projet.

 

Cet outil, mis à sa disposition, permet d’exercer sa créativité personnelle à partir d’un fonds commun de données. Il n’a pas vocation à être communiqué tel quel aux autres secteurs. Pour soumettre un projet, on doit passer par une « normalisation » du langage.

Le pôle d’alerte et de surveillance et le système lymphatique

 

Le pôle d’alerte et de surveillance de l’ensemble autonome doit reposer sur une structure interne permanente de déclics qui alimentent le système d’information en temps réel au plus bas des fonctions quant à l’origine et à l’étendue des impacts.

 

Pour accentuer l’analogie, rappelons l’importance de ce réseau, souvent négligé dans nos organisations :

Dans le domaine médical, les fonctions du tissu lymphatique sont très importantes.

Il assure d’une part le drainage de l’excès du liquide interstitiel, ce qui évite l’augmentation de la pression (sans cela, il y a apparition d’œdème)

Il transporte d’autre part des protéines, certaines graisses, des vitamines, enzymes et hormones

Il permet la filtration par les ganglions des agents microbiens. Ce rôle de barrage constitue un des moyens de défense les plus efficaces de l’organisme contre les agressions

Il fabrique et transporte les lymphocytes, dont le rôle dans la lutte contre certaines infections est bien connu.

En cas de non maîtrise, le ganglion se manifeste par une intervention extérieure : gonflement et  douleur.

A partir de cette alerte, on appelle alors le médecin qui fait le diagnostic et intervient.

 

L’analogie est intéressante et une transposition, même osée, dans l’entreprise est signifiante :

à la lymphe correspond le système d’information intégré en temps réel, neutre et indépendant des opérationnels

aux ganglions, les systèmes d’alerte et de pré diagnostic

au médecin, les instances d’audit externes

Réseau particulièrement dense, ce système d’information se présente comme une banque de données. Il draine les informations, assainit les circuits  et  lance les alertes d’anomalies en précisant le lieu du dysfonctionnement  repéré, mais en préjugeant pas de la cause de celui-ci (ce n’est pas un système expert). Il n’est pas confectionné pour des fonctions précises mais existe à disposition d’applications différenciées.

 

Il est stable et n’évolue que très lentement, à l’inverse des organisations qui devraient être, elles, réactives : chacun doit garder ses marques et ne pas être déstabilisé quant à la vision de ses objectifs. Or c’est exactement le contraire qui est pratiqué : on n’arrête pas de changer les règles du jeu, mais quelles difficultés pour faire évoluer les structures !

 

C’est ainsi que fonctionne un système biologique : s’il y a dysfonctionnement, incohérence ou occlusion, l’ensemble de l’organisme en pâtit. Pour l’entreprise, il est de même. Le seuil de déclenchement de l’alerte est à la discrétion du responsable de l’audit du Système d’Information, de même que ressenti de la douleur l’est à celle du cerveau.