Introduction

La nature semble avoir fait de l’homme le plus fort pour un moment facile et l’homme plus faible pour un moment fort.
(J.J. Rousseau, Le Contrat Social)
Ne pourrait-on pas même soutenir que c’est parce que les hommes sont inégaux qu’ils ont d’autant besoin d’être frères.
(Charles du Bos)
La multitude qui ne se réduit pas à l’unité est confusion ; l’unité qui ne dépend pas de la multitude est tyrannie.
(Pascal)

«L’union fait la force», c’est bien connu. Se battre contre les autres est épuisant, non productif, frustrant. Se réunir pour faire ensemble est au contraire générateur de valeur ajoutée. Mais la nature humaine est ainsi faite que l’égoïsme est son moteur naturel sans le garde-fou qu’est la contrainte de la civilisation laquelle introduit solidarité et morale. Au sein d’un ensemble autonome (individu, famille, entreprise, pays…), la richesse potentielle est donc interne, les coûts seront à l’extérieur. Cela doit se traduire au quotidien dans les évaluations et les rapports à l’autre.

 

 

Définir l’Harmonie est un défi difficile à relever :

  • science qui enseigne à accorder les sons, à combiner des accords.

  • qualité d’un ensemble qui résulte de l’accord de ses parties ou de ses éléments et de leur adaptation à une fin.

  • rapport d’adaptation, de conformité, de convenance existant entre les éléments d’un ensemble cohérent ou entre des choses soumises à une même finalité

  • état des relations entre des personnes ou dans un groupe humain, qui résulte de l’accord des pensées, des sentiments, des volontés.

Tout le contraire de ce qu’affirme Jean Cocteau :

«L’harmonie, c’est la conciliation des contraires par l’écrasement des différences.»

Sans différences, il n’y a pas d’harmonie.

Comment réaliser l’harmonie ?

 ll ne peut y avoir d’Harmonie sans des règles claires, des outils de mesure acceptés et la stabilité pour asseoir liberté et responsabilité individuelles. Pour la clarté des choix individuels et collectifs, il faut une équité qui ne sera acquise que dans la séparation sémantique entre acquisition de richesses et redistribution : ce pour chacun et pour la collectivité.

L’harmonie ne peut jamais s’exprimer dans les rapports de force ni dans l’anonymat.

Seul un groupe structuré, géré par des règles claires acceptées – contrats et mesures – est à même de réaliser ce qui génère l’efficacité optimale.

 La transparence de l’information est garantie par une traçabilité rigoureuse et fermée.

Diffusée urbi et orbi par internet et les réseaux sociaux, elle est désormais à l’origine de la créativité individuelle mais facilite également une certaine forme de communication dépersonnalisée. Elle se gère dans le flou et la contestation instantanée, induit la dispersion.

L’ensemble autonome qui sera décrit dans ce site répond à ces exigences d’harmonie. Il se construit dans la cohérence interne dans laquelle chacun se retrouve. Organisé selon un schéma rigoureux et stable, assorti des mesures adéquates, il organise la dynamique en interne.

La réactivité permet la remise en cause des esprits. La stabilité raisonnable des règles du jeu sont les garants de conservation d’identité. Elle passe par l’équité en son sein, certifiée par la comptabilité de flux, qui redresse automatiquement les dysfonctionnements à travers le logiciel moniteur qui y est intégré.

Au dehors, entre concurrents, fournisseurs et clients donneurs d’ordre, c’est la jungle…, et le gâchis pour tous. Seuls des accords partenariaux équitables peuvent compenser cette dispersion d’énergie.

Il faut rester lucide. L’aspiration à une harmonie universelle décrétée reste une utopie héritée du siècle des Lumières et des révolutions. La progression dans le monde de ces idées respectables ne se fera que progressivement, en agglomérant peu à peu des groupes différents par adhésion à un projet approuvé en commun. Formelle, elle relève de la procédure contractuelle.

Les nombreux dysfonctionnements dénoncés dans ce site ne mettent pas en cause les hommes ou les femmes impliqués, à quelque échelons qu’ils se trouvent. Partons du constat, qu’à part des cas particuliers et pervers, ils sont performants et de bonne volonté. Seule la motivation les feront progresser individuellement.

Le problème réside dans le dérèglement des liens entre structures. Une expérience passionnante vécue dans les années 80 à Sollac, décrite dans mes deux derniers ouvrages, a complètement transformé l’adhésion du personnel, élément vital pour la résurrection de la société. Plutôt que d’exiger une réduction successives des budgets, il s’est agi de revoir en commun les missions. Chacun devait trier les travaux effectuées, en proposant la suppression des fonctions inutiles à son avis pour sa mission, redondantes ou partagées. Regroupés au plus haut niveau, ces dysfonctionnements ont ensuite fait l’objet d’un second tri pour se recentrer sur la mission principale de cette industrie. Le gain a été spectaculaire et l’adhésion au projet d’entreprise confortée par la motivation.

Une réflexion sur les rapports en force, conflits et oppression :

Une utopie, le patrimoine mondial.

Évoquée il y a 30 ans dans des instances internationales associatives, j’avais avancé l’idée que les conflits internationaux (et bien sûr locaux, le rapport à l’autre) ont pour source la propriété privée (pour un état) des sources stratégiques, essentielles de survie pour chacun des habitants de la planète : les ressources énergétiques naturelles, l’eau, l’air…

Les incursions des états dominants dans des contrées «gâtées par la nature» sont uniquement reliées à l’appropriation de ces ressources et perturbent l’équilibre des «possédants du sol».

Par exemple, l’Afrique, si riche en potentiel, est l’objet en permanence de manœuvres d’intimidation, de déstabilisation, de misères… Elle peut sortir seule de ce marasme à condition que le contrôle de la propriété de ces éléments fondamentaux soit internationalisé. Cette proposition semble de nos jours moins inaccessible en raison de la pression écologique sur les États. De nombreux problèmes pèsent sur les décisions désormais pour la survie de l’humanité : pollution, gaz à effets de serre, réchauffement climatique… C’est devenu un enjeu planétaire. Par ailleurs, de manière plus égoïste, chaque collectivité nationale s’inquiète quant à son approvisionnement en eau et en énergie ( le débat sur les gaz de schiste est un exemple criant de l’appropriation personnelle de l’exploitation de son propre sous-sol au risque de détruire également l’équilibre des autres : c’est à terme un casus-belli !)

 

Ceci ne correspond en aucune façon à une politique de collectivisation, l’exploitation de ces ressources restant l’apanage de l’initiative individuelle. Le système libéral reste entier sur ce point. En renforçant ainsi sa préséance, un organisme supranational, l’ONU en l’occurrence aurait ainsi un levier pour faire respecter l’autonomie des peuples et poursuivre sa mission.

 

En France, l’Etat doit garder sur son sol la maîtrise de son aménagement, rester le décideur de son évolution. Sa mission régalienne le place en position responsable du cadre de vie de ses citoyens. Toute externalisation dans ces secteurs (eau, énergies, routes, transports, éducation, protection et sécurité…) ne peut se faire sans contrat clair et limité à la seule exploitation qui elle, doit rester privée. Comme tout projet, cela implique :

-un contrat délégué, clair et fermé

-des moyens négociés pour un bon aboutissement

-un contrôle serré et en temps réel avec sanction

En conclusion, le pouvoir régalien est le garant du cadre de vie des individus. A ce titre il a préséance sur toute propriété individuelle. En démocratie, il est responsable vis-à-vis d’eux. Son rôle est de fixer les règles du jeu, suivre le déroulement des actions déléguées  et en contrôler le bon aboutissement. Il reste responsable de la surveillance en temps réel du début de l’exploitation privée jusqu’à la fin du projet, en restant attentifs aux modifications éventuelles.

Sa mission est de de concevoir, de mettre en place des procédures contractuelles, de suivre leur déroulement et de faire in fine son bilan. L’exécution n’est pas de sa compétence.

02-A Rechercher en interne l’harmonie – Introduction
« Certains voient les choses telles qu’elles sont et se demandent pourquoi elles sont ainsi.
Je vois des choses qui n’ont jamais existé et je me dis : pourquoi pas ».
(Robert Kennedy)
C’est un rêve, comme celui de Martin Luther King :
«I have a dream…»,
 

mais une utopie n’est-elle pas ce qui n’existe pas encore ?