En réponse à un ami cher que j’avais perdu de vue ces dernières années.Très impliqué depuis longtemps dans les secteurs associatifs et récemment à très haut niveau, il a marqué un certain désaccord sur la nécessité de refondre les associations. Tout en le remerciant, c’est pour moi l’occasion de préciser certains points.
LA QUESTION N’EST PAS DE METTRE EN CAUSE LEUR UTILITÉ
Pour exister, tout groupement a son moteur de motivation : l’entreprise le profit, l’association l’enthousiasme. Pour cette dernière, son statut non lucratif allié à une liberté d’adhésion lui confère une originalité qui séduit toute bonne volonté.Une chose est sûre, c’est que les associations sont désormais irremplaçables, non seulement de par leur côté humaniste au plan individuel qui génère le lien indispensable dans toute société, mais aussi hélas par leur substitut à la puissance publique, ici de plus en plus déficiente. Il faut donc reconsidérer le partenariat et la délégation.
Mon expérience associative :
-J’ai baigné dès mon enfance dans un milieu familial au service d’actions très diverses. Mes engagements d’adulte dans les secteurs industriels privés m’ont montré l’interconnexion entre ces deux aspects aux plans des structures, de la concurrence commerciale, de la gestion des collaborateurs.
-Une synthèse me semble indispensable dès lors que l’on se réfère à la réalité d’aujourd’hui. Des exemples de détournement demandent plus de transparence. Certaines associations, multinationales, drainent des fonds importants et s’assimilent dans leur fonctionnement interne à de véritables entreprises, avec personnel conséquent et ingérence dans la concurrence marchande. Toutes, même les plus petites, reçoivent des subventions qui leur permettent de réaliser leurs objectifs, et ce dans un contexte actuel de raréfaction de ressources.
«Ce qui me scandalise, ce n’est pas qu’il y ait des riches et des pauvres : c’est le gaspillage.»
Mère Teresa
LA RÉPONSE EST DE RECONSIDÉRER LEUR STATUT ET LEUR MODE DE FONCTIONNEMENT
POUR UNE UTILITÉ OPTIMALE.
» Les associations sont des agents économiques à part entière « .
Même un secteur non marchand est néanmoins économique dans la mesure où il draine des fonds importants, souvent délocalisés, pour essentiel d’origine publique et d’initiatives citoyennes. En cela, elles interfèrent dans la donne économique et il est anormal de ne pas prendre cet effet en considération.
-Toute structure est mortelle. Elle n’a de légitimité que dans la valeur ajoutée qu’elle apporte dans les domaines sociaux et individuels et non dans la permanence de l’institution. Les associations sont souvent concurrentes, et cette dispersion d’efforts nuit à l’efficacité globale de leur mission altruiste : l’exemple des ONG est particulièrement criant à cet égard.
-L’aspiration au bénévolat fait partie intime de tout être. Servir, c’est aussi être reconnu, donc exister. Mais la réciprocité fait également partie de sa dynamique.(http://mauss.unblog.fr/files/2009/07/lerreurdecookokvbase.pdf)
-L’acte gratuit n’existe pas dans notre monde. Sans rentrer dans des considérations pécuniaires, tout action demande un «échange». Exister par son engagement, c’est se positionner par rapport aux autres.
-Ces structures sont à revoir au vu des enjeux monétaires et des pouvoirs d’influence : sans prétendre donner des voies de solution, il s’agit de réfléchir aux flux interactifs concernant :
– L’importance des capitaux
– La responsabilité des dirigeants dépositaires de ces fonds
– Le déséquilibre économique en l’état de concurrence
– La main d’oeuvre aspirée par le bénévolat
Mon propos n’est en aucune façon de remettre en cause l’utilité des associations, mais de revoir au fond leurs fonctionnements dans un cadre global, incluant les aspects juridique (pratiquement inchangé au fond quant à sa capacité), sociétal (pouvoir d’influence sans sanction politique étendue) et économique (importance des fonds délégués).
IL Y A DEUX NIVEAUX INDÉPENDANTS QUE L’ON DOIT CONCILIER. C’EST LE RÔLE DU POLITIQUE : la valeur ajoutée des associations et les coûts qu’il faut répartir.
Nous sommes ici dans une dynamique de délégation dans un cadre complexe interactif, les associations apportant l’aspect humain qui huile ce monde d’individualisme. C’est à une synergie d’ensemble qu’il convient de s’attacher.