La complexité croissante de nos organisations génère un nombre de dysfonctionnements et d’incohérences fortement dommageables pour l’équilibre et la pérénité de nos sociétés.Ils risquent de perturber la liberté individuelle des individus. Régler chaque problème au coup par coup, ne pas générer une règle de bonne conduite acceptée par tous conduit à une masse dangereuse pour les générations à venir.
Un bon exemple est celui de la Gestation Pour Autrui. Interdire la GPA en France et l’autoriser à l’extérieur pose un problème a priori insoluble en l’état des réglementations officielles. La coercition et la pénalisation des personnes impliquées dans une GPA à l’extérieur du territoire national ne résout pas pour autant la bonne solution quant au statut des enfants mis ainsi dans une situation inextricable.
La solution de facilité qui semble s’imposer peu à peu en ce moment consiste à autoriser la généralisation de l’autorisation. C’est faire peu de cas des intérêts et de l’éthique des particularismes : ceci concerne toutes les strates, depuis l’individu jusqu’au plus haut des hiérarchies. Nous courrons vers un monde inhumain, technocratique, niant le particularisme et la nature humaine. Résoudre un problème par la coercition ne fait que reporter les problèmes à venir en les compliquant.
Il faut laisser sa spécificité à chaque structure, locale, régionale, nationale : il en va de la vie quotidienne de chacun. La pratique de la GPA peut fort bien rester interdite en France et être autorisée en Europe en créant un statut distinct qui gère cette législation. Un enfant né de la GPA en dehors de la France aurait ainsi un statut spécifique: nationalité européenne.
La GPA est un acte de responsabilité individuelle, celle des êtres à venir, non un acte assumé par la collectivité. La permissivité à tendance généralisée fait peu de cas de l’éthique d’une société qui recherche la cohésion du corps social. L’argument de l’égalitarisme est faux, illusoire et pervers. Tout adulte responsabilisé doit être en mesure de choisir pour l’enfant potentiel son avenir : c’est affaire d’éducation et non de statut. Ce sont eux qui choisissent et doivent assumer le devenir de l’être qu’ils ont créé. C’est à la base le principe de responsabilisation qui est ici primordial vu son impact. Le rôle de la collectivité est – c’est à son honneur son utilité fondamentale et sa mission – d’encadrer l’individu dans la relation à l’autre et à l’assistance à la vie.
Cet exemple n’est pas isolé dans le concert des dysfonctionnements constatés entre structures imbriquées.
Un autre, le plus apparent et traumatisant pour notre société des « Droits de l’Homme » revendiqué par notre nation, est celui des immigrés. Ces derniers recherchent d’autres refuges que les leurs dévastés pour raisons d’instabilités politique, religieuse ou économique. Nombre de pays ailleurs en sont pour autant responsables. J’en avais fait un axe de mon action au sein de la Jeune Chambre Économique au début des années 80 (voir sur mon site) en alertant sur l’urgence d’un développement aidé in situ des pays dits sous-développés ou en voie d’industrialisation.
Sans revenir sur ces dysfonctionnements, cet afflux de population sur le territoire national non contrôlé pose problème. Par humanité, il est hors de question de s’en désintéresser. Au plan local, il n’est pas possible « d’accueillir toute la misère du monde ». Un statut spécifique européen, distinct des législations des nations adhérentes, peut résoudre le problème suivant ce schéma.
D’aucuns pourront prétendre que cette proposition est utopique ou trop généraliste pour pouvoir aboutir prochainement. Ignorer sa prise en considération, c’est méconnaître la force de l’esprit quand il est enclenché par un phénomène crucial et posé par le corps social. Pour cela, il n’est pas utopique car ce qui est utopique, c’est ce qui n’est pas encore arrivé.
Trop généraliste encore moins car il ne touche qu’à la mise en place d’une organisation – réglementation -, ce qui est concret et ne dépend que des politiques, des structures technocratiques. Robert Schumann et ses co-fondateurs ont mis en place, au lendemain de la guerre de 39-45 la Communauté du Charbon et de l’Acier. Cette initiative ne voulait pas tout résoudre d’un coup. Appuyé sur la réconciliation franco-allemande, il a choisi un axe crucial à l’époque, limité mais exemplaire, pour initier ce qui est aujourd’hui un immense projet qui reste notre devenir : l’Europe. Aujourd’hui le débat sur l’accueil des immigrés en Europe est analogue. Il doit être l’amorce d’une réflexion sur le devenir de nos civilisations en cohérence et partenariats avec les autres, sans ingérence des unes sur les autres.
Prenez d’autres exemples et confrontez-les à cette analyse : je pense qu’une généralisation est possible
En résumé, du fait de l’évolution de sa gouvernance, l’Europe est confrontée à l’émergence de problèmes qui vont devenir en l’état insolubles. Ce qui était peut-être envisageable dans une Europe réduite à 6, voire à 12 devient aujourd’hui impossible, cet ensemble déjà complexe se limitant en fait à une zone économique de libre échange, sans but social avoué. La seule solution est donc d’établir pour l’Europe un état fédéral, à l’instar des États Unis d ‘Amérique qui a des législations d’États indépendantes du pouvoir central.