Nous rêvons de lendemains, Nous rêvons d’une gloire, Nous rêvons d’un jour nouveau, Nous fuyons une bataille, et pourtant nous dormons. Nous attendons l’appel, Nous fondons nos espoirs sur l’avenir, Nous rêvons d’une sagesse, Nous appelons de nos prières un sauveur, et pourtant nous dormons. Et pourtant nous dormons, et pourtant nous prions, et pourtant nous avons peur.
(E.E. Cumin, citation trouvée dans le cercle des poètes disparus de N.H. Kleinbaum
Tout le monde veut sauver la planète, mais personne ne veut descendre les poubelles.
(Jean Yanne)
En changeant de siècle, nous avons changé de monde.
Repliés, bien à l’abri de notre confort de peuple élu des Lumières pour apporter le salut aux autres peuples, nous avons vécu, tranquilles, quant à l’avenir que nous construisions…
Face aux autres nations qui tentaient de s’affranchir avec peine de tutelles insupportables, de la misère, nous gérions nos paradoxes quotidiens comme un peuple sûr de son message universel. «Gardien des Droits de l’Homme» par auto-proclamation, nous vivions en pourfendant chez l’autre ses carences tout en ne remettant rien en cause de notre mode de pensée et en ne tendant pas l’oreille aux séismes à venir. Notre priorité vis-à-vis du monde, et de nous même, n’est pas la repentance mais la remise en cause question de nos acquis.
Pays de cocagne, riche en valeurs et en esprit, qui fut depuis plus de XX siècles l’exemple que les autres nations enviaient et redoutaient tout à la fois, nous avons traversé le temps comme une grande nation fière d’elle-même et certaine, dans son avenir «assuré», de progrès continu.
Le monde frappait à notre porte pour nous offrir en vain d’autres modèles.
Quelles que furent les avancés sanglantes du passé, justifiées ou injustifiables, il faut regarder aujourd’hui vers l’avenir.
Dès le XIXème siècle, l’industrialisation forcenée et productiviste, en Europe et en Amérique, se doublait chez nous d’une matière idéologique alors que les autres tentaient de régler les problèmes sociaux et de vivre ensemble de façon pragmatique. Nos institutions hiératiques en ont été la cause, références auxquelles il était crime moral de toucher, pouvoir absolu des élites qu’il était bon ton d’imiter pour les rejoindre…
Récemment, la mondialisation nous est arrivé en pleine figure, notre statut de privilégié a volé en éclats, la vérité s’est imposée aux autres et commence à nous ouvrir les yeux : nous ne sommes plus une grande nation et nous sommes paralysés par nos structures d’organisation «propres à notre génie». Encombrés d’idéologies que nous nous jetons à la tête, nous sommes obnubilés par le salut du monde alors qu’il est en mesure de se gérer lui-même, certes avec peine et sang. Elles restent néanmoins encore notre orgueil : c’est ce qui nous paralyse…
La responsabilité, c’est d’abord compter sur soi. Perturbés par notre environnement qui devient de plus en plus prégnant, nous n’avons de salut pour préserver notre avenir que de trier entre notre identité, nos amis, nos alliés et les autres. L’avenir est donc de prendre en considération ces données et de faire progresser nos collectivités en agglomérant petit à petit nos ensembles autonomes.
Une seule issue : revoir notre mode de pensée, nos rapports pyramidaux de direction et nos équilibres sociaux, notre rapport à l’Autre…
Entrons avec humilité mais avec courage et détermination dans cette nouvelle ère pleine de dangers mais aussi de promesses pour l’humanité.
D’aucuns seront surpris qu’il faille plusieurs générations pour que l’individu s’épanouisse :c’est méconnaître la biologie des espèces,et c’est déjà un miracle de l’espèce humaine de franchir des bonds en 3 générations alors qu’il a fallu des ères ….